Zancara, le village qui aurait pu ... supplanter Pedro Muñoz ?

   

Au 19ème siècle, Don Manuel FRAILE, ingénieur des Ponts et Chaussées, investit sur les rives du Zancara.

  

Il achète 12 km² de terres sur Socuellamos, Tomelloso et Pedro Muñoz. Il achète le moulin de la Cubeta et plusieurs fincas : Granja de Santo Domingo, Casa de la Torre, Crespo, la Torera ... Il fait planter des oliviers, et de la vigne. Depuis l'église de San Miguel (en savoir plus), jusqu'à la Cubeta (en savoir plus), il fait creuser un canal de 3kms de long. L'eau arrive ainsi à la Cubeta, ce qui permet d'actionner des turbines pour la nouvelle minoterie qu'il vient d'installer.

 

Don Manuel Fraile y fait aussi construire une très grande maison, "el Hotel" où il organise fêtes et bals. La maison est agrémentée d'un immense jardin, d'une petite chapelle, et aussi d'une école où des élèves de toute l'Espagne viennent pour apprendre entre autre le français et l'allemand. Aux côtés de cette résidence il fait construire les logements de ses ouvriers agricoles. Aujourd'hui seul "l'hotel" est entretenu, les logements ouvriers s'effondrent. 

 

 

Ces travaux incitent les habitants de Pedro Muñoz à venir s'installer à Zancara. Il dirige alors les travaux de la nouvelle route qui relie Pedro Muñoz à Tomelloso, pour faciliter les échanges entre les deux villes. Cette route traverse le Zancara à la Cubeta, puis longe le village plus au sud. Elle sera inaugurée le 23 novembre 1885. En 1905, il fait installer une turbine hydraulique à la Cubeta, qui permet d'apporter l'électricité au village. Pedro Muñoz n'aura l'électricité que 2 ans après, en 1907.

 

Don Manuel Fraile aura 9 enfants, qui tenteront de poursuivre l'œuvre de leur père, en dynamisant Pedro Muñoz et Zancara. On leur doit le casino et le cinéma théatre pedroteño inauguré le 15 août 1912.

 

Mais rapidement les soucis financiers arrivent, en raison de  très mauvaises récoltes. Une banque de Madrid, El hogar Español, récupère alors l'ensemble des biens de la famille, et met en vente des lots, dont le principal est acheté par Don Lorenzo ROMAN qui aura la Cubeta et des terres.

 

Fin 19ème, en raison de l'ouverture de la ligne de chemin de fer Madrid-Valencia-Alicante-Cartagena, et la création d'une station à Zancara, de nouvelles familles rejoignent le village. En effet, les habitants de Pedro Muñoz ont refusé la voie ferrée, et la préfèrent loin de chez eux, ... Zancara en profite alors. La station devient un lieu d'échanges pour les marchandises de la région (vin, huile d'olive, céréales...) qui transitent par la gare, et crée un flux continu de personnes et passagers. 3 familles viennent investir à Zancara : les Bellver, les Monton, et les Benezet, des français qui arrivent du sud de la France. Aujourd'hui, le lieu dit où est située leur ferme porte le nom de "Finca del frances" (la ferme du français). Ils s'installent autour de la ligne de chemin de fer et y cultivent la vigne. Rapidement ils font fortune, en raison des grandes quantités produites, mais surtout par la qualité de leur vendange. La famille Benezet proposera même un champagne cuvée "Emile Benezet".

 

D'autres familles s'installent, et 2 distilleries sont ouvertes. Zancara poursuit son développement et construit une église dans les années 50. Jusqu'ici un curé d'Alcazar de San Juan venait chaque semaine à motocyclette pour prononcer la messe dans la petite chapelle de la maison Fraile. En 1950, Zancara est à son apogée.

 

Mais les années 60 annoncent un bouleversement pour Zancara. L'incroyable développement de l'automobile et des infrastructures routières espagnoles font perdre au train son intérêt. Les personnes préfèrent désormais le car ou la voiture et les marchandises circulent en camion. Pedro Muñoz mieux desservi par les routes, en particulier par la nationale (N 420), devient plus attractif pour les entreprises. Peu à peu les habitants quittent Zancara pour rejoindre Pedro Muñoz, jusqu'à totalement abandonner le village. Les distilleries restent en activité jusqu'en 1970. Les vignes sont toujours exploitées par des viticulteurs qui habitent Pedro Muñoz, mais les bâtiments viticoles de Zancara sont à l'abandon.

 

Le prometteur village de Zancara n'est plus qu'une enfilade de ruines. Seules la station de train, l'église et la maison Fraile ou "l'hôtel" demeurent, les autres bâtiments s'effondrent chaque jour un peu plus.

 

Sources : Angel Garcia, et Miguel Tirado Zarco 

 

 

La station de train

Depuis quelques années la RENFE a cessé de desservir Zancara. Une présence est encore assurée, le site étant un point de contrôle de la ligne Madrid - Alicante. A noter qu'en 1978 une motrice diesel a battu un record de vitesse entre Alcázar de San Juan et la station de Záncara, en atteignant 230km/h.

 

 

Photos extraites du livre "Pedro Muñoz, imagenes del recuerdo, 1870-1970" avec l'aimable autorisation de la Municipalité de Pedro Muñoz.

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