Juan Mayordomo, paysan manchego du XVIème siècle, devient le 1er maire de Pedro Muñoz en 1525.
Originaire de Valera de Abajo, il émigre à Cervera del Llano dans la province de Cuenca. Un différend l’oppose alors au Marquis de Villena qui possède cette ville, Juan refuse de payer un nouvel impôt qu’il juge injuste. Il se résigne à partir, pour rejoindre Villamayor de Santiago (ou « Las Chozas ») qui appartient à l’ordre de Saint Jacques, en attendant de trouver un lieu adéquat pour installer sa famille et cultiver sereinement une terre.
Il apprend alors qu’un village, Pedro Muñoz, est abandonné depuis 1410, en raison d’une sévère épidémie de peste, et à l’insalubrité des lagunes, mais que la terre y est riche.
Arrivés sur place, il découvre avec sa femme et ses trois enfants, un village en ruine, seules ont résisté une petite église (Ermita) et quelques maisons. Bonne surprise les lagunes cachent un gibier abondant, et en effet, la terre est de belle qualité.
Après des mois de dur labeur, Juan réussit à redonner une nouvelle image à ce hameau. Il se met alors en quête de sang neuf ! Il fait dire dans les villages avoisinants qu’il fait bon vivre à Pedro Muñoz, et qu’il serait heureux d’y accueillir de nouvelles familles.
Son appel est entendu, la famille Garcia arrive, … suivie des familles Ortiz, Delgado, Galan, Lopez, Ayuso, Monedaro, Calleja, Yuste, Valera, … des noms qui sonnent bien le Pedro Muñoz que nous connaissons aujourd’hui !
En 1525, 27 adultes composent le village, et décident de s’organiser en élisant un Maire. Tout naturellement c’est Juan Mayordomo qui est élu.
Rapidement la juridiction de Mota, exige que Pedro Muñoz paie des impôts, les terrains de Pedro Muñoz entrant dans son périmètre… ce que refusent les pedroteños. A l’époque La Mota comprend les terres de Mota del Cuervo, El Toboso, Socuéllamos, Campo de Criptana et Pedro Muñoz.
Le 10 juin 1525, Juan Mayordomo acte en Conseil Municipal le refus de son village de payer cet impôt. Les représailles arrivent vite, les maisons de Juan et d’Asensio sont détruites.
Juan décide de porter l’affaire devant les tribunaux d’Ocaña, puis Tolède, Avila, et enfin Madrid, où il demande le statut de ville pour Pedro Muñoz, afin d’être indépendant.
Le 10 août 1531, la Reine Doña Isabel, au nom du Rois Carlos 1er, concède le titre de ville à Pedro Muñoz. Le lendemain, suite à une plainte déposée contre le village de El Toboso qui refuse à Juan et ses concitoyens l’accès à des terrains pourtant communs, le Roi lui donne à nouveau raison.
Cette même année Juan perd sa dernière fille, Maria de los Angeles, premier enfant né à Pedro Muñoz depuis "sa renaissance". Malgré cet événement tragique, il poursuit sa lutte pour installer et imposer Pedro Muñoz dans son environnement.
En 1533, il obtient que les vignes prises par les villages limitrophes, reviennent à Pedro Muñoz. En 1535, il demande l’arbitrage du Roi pour un litige commercial et financier avec El Toboso, qu’il gagne. En 1536, le Roi accorde à Pedro Muñoz le droit de construire un four et une auberge.
En 1544, Diego Mexia, de Miguel Esteban, est nommé curé à Pedro Muñoz. En 1551, on compte un médecin, un barbier coiffeur et un forgeron à Pedro Muñoz.
Le 19 février 1552, le statut de Ville est confirmé à Madrid, avec inscription au chapitre général de l’ordre de Saint Jacques.
En 1553, Juan laisse la Mairie à son fils Miguel, mais reste à ses côtés pour l’aider.
Sans Juan Mayordomo, Pedro Muñoz serait peut être resté un lieu perdu de la Mancha, un petit hameau rattaché à une plus grande ville, qui sait ?
Aujourd'hui, Pedro Muñoz lui rend hommage, avec le musée d'histoire Juan Mayordomo !